{RP} Correspondance

Citation :: Mon cher aimé,

Me voici enfin arrivée à Eauze, charmante ville où j’ai eu le grand plaisir de retrouver ma jolie sœur, ainsi que ma cousine bien-aimée.
Les réjouissances ont été grandes pour ma venue, et ma sœur nous a bien évidemment offert gîte et couvert, à moi-même ainsi qu’à votre fils.

Vous serez heureux d’apprendre que Gabriel se porte à merveilles. Sa tante s’est montrée ravie de sa rencontre avec lui. Il m’est étrange de me souvenir qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant.

Hélas, notre fils me semble bien agité ces temps-ci. Si les péripéties du voyage ont tenu son esprit tout occupé d'enthousiasme et d'émerveillement, je crains que notre installation - même provisoire- en comté d’Armagnac n’ait considérablement affaibli son intérêt pour cette pérégrination.

Il ne cesse de poser maintes questions sur notre retour en Berry, et passe le plus clair de son temps à évoquer des souvenirs de sa courte vie là-bas. Dame Mentaïg, plus que tout, lui est source de manque incommensurable, et je crains qu’il n’éprouve beaucoup de chagrin quant à son éloignement d’elle.

Au vu de tous ces faits, Monseigneur, il me semble préférable de renvoyer notre fils dans son duché natal aussi prestement que possible.
La politesse envers ma sœur aînée, qui ne comprendrait point que je reparte aussi vite, m’oblige à rester auprès d’elle quelques temps encore.
J’envisageais donc de fournir escorte à notre fils, afin qu’il puisse retourner seul au Berry sans désagrément aucun.
Matheline, ma camérière, est également prête à l’accompagner dans ce trajet, afin de veiller sur lui.
J’attends, bien évidemment, votre approbation avant tout préparatif de voyage pour notre enfant.

Bien à vous,
Maryan d’Ambroise Cornedrue
Vicomtesse de Culan

Citation :: Ma tendre épouse

Voilà un second courrier depuis votre départ, et cela me réchauffe le cœur de vous savoir entre les bonnes mains de votre chère sœur. Je vous prie de bien songer à l'embrasser pour moi, ainsi que votre cousine, ma filleule, qui me manque tant.

Si notre enfant regrette tant le Berry - chose étonnante pour un enfant si jeune - vous eriez bien de le faire venir avec votre suivante et quelques gardes. Faites en sorte que des femmes soient avec lui, elles savent y faire avec les enfants. Comme il fêtera son troisième anniversaire bientôt, je le prendrai sous mon aile pour lui apprendre ce qu'il devra savoir afin de grandir comme un brave sujet de Sa Majesté. Il faudra aussi songer à le faire baptiser, il est plus que temps.

Je vous supplie, pour votre part, de bien prendre garde aux multiples dangers qui rôdent dans le sud. Faites attention à votre cousine, dont je redoute par moments qu'elle me mente sur ses activités. N'approchez point trop Maleus, qui est revenu vers ses premières amours. Je prie pour vous et notre enfant chaque jour, je ne vous oublie pas.

Que Dieu vous protège, Maryan.

Votre dévoué et fidèle époux,
Valatar Cornedrue de Culan.

Citation :: Mon Seigneur,

Je suis bien aise de vous trouver en parfait accord avec mes idées et projets.
Permettez-moi simplement de vous désobéir sur un point. La pensée –saugrenue- de faire accompagner notre fils dans son voyage par quelques jouvencelles inconnues et ingénues ne me paraît point être judicieuse ni appropriée.

Comment, Messire ?! Laisser notre enfant sous l’influence néfaste de gourgandines assez sottes pour se laisser tenter à un voyage vers une contrée où elles n’auront aucun avenir ?!
Pardonnez-moi, Monseigneur, mais voilà projet que je ne puis décemment mettre en œuvre.

D’abord parce que je ne souhaite pas laisser le fruit de mes entrailles entre les mains de n’importe qui. C’est déjà assez de devoir le placer sous la protection de ces ivrognes de soldats aux relents vineux. Au moins ne sera-t-il point dans l’obligation de leur parler. Matheline veillera à le tenir à l’écart de ces distilleries ambulantes.
Ma camérière, d’ailleurs, suffira amplement à la compagnie de notre fils.

En outre, je crains, en l’état actuel des choses, qu’il ne me soit difficile de trouver âme assez simplette pour aller se fourvoyer dans une contrée aussi mal dirigée présentement que le Berry, et avec si peu de perspectives décentes d’avenir.

Mais assez parlé de courtisanes, femmes publiques et autres midinettes.
Vous serez probablement rassuré d’apprendre que j’ai cessé tout dialogue avec le Seigneur de Dampierre depuis bien longtemps maintenant. J’ai effectivement entendu parler de ses entreprises lourdes de conséquences, et ma foi je me garde bien de renouer un lien amical qui ne peut raisonnablement survivre à l’ombre de la flibuste.

Quant à ma cousine, ma foi, elle se laisse bien trop souvent attirée par le charme de marauds improbes, et ses frasques restent nombreuses, mais enfin, c’est une âme exaltée et avide d’aventures plus extravagantes les unes que les autres.
Que voulez-vous… C’est là un trait de caractère commun à tous les membres de notre famille, il me semble. Même ma marraine en a eu sa part, dans sa jeunesse.
Nous ne faisons point parti de ceux qui, à la fleur de l’âge, rappellent dans leur conduite la sévérité des mœurs antiques.

N’allez pas croire, cher amour, que nous en respectons moins les commandements du Très-Haut et de son prophète.
L’alliance d’une avidité de savoirs et d’une piété honorable est périlleuse mais exécutable.

Je suis actuellement en pérégrinations avec ma cousine et quelques bougres comptant parmi ses amis.
Ne vous inquiétez de rien. Ce ne sont certes pas gens de haute lignée, et leur langage n’est certes pas très attrayant, mais ils ne m’ont point l’air de mauvais sujets, et sont en tous cas fort prévenants à mon endroit. Et puis, le désir ardent de rester quelques temps encore avec cousine, après de si longs mois de séparations, m’incitent à supporter leur présence.
Je retournerai de toute manière bien vite à Eauze, où ma sœur requiert ma compagnie.

Mais vite, je pose là ma plume, ou je vais finir par vous ennuyer.
Faites parvenir, je vous prie, mes salutations amicales à votre cousine, ainsi qu’à votre fillot consanguin.

Votre attachée et fervente épouse,
Maryan d’Ambroise Cornedrue

Citation :: Mon âme,

Je vous laisse entier le choix de l'escorte de notre fils, car je pense que personne, mieux qu'une mère, ne peut savoir ce qui est bon pour ses enfants. Je pensais que la compagnie féminine était recommandée pour un enfant de cet âge, mais si vous pensez que des soldats et une femme sont suffisants, je vous en laisse seule juge. J'ai d'ailleurs décidé qu'à son retour, je lui apprendrais à monter à cheval et à porter l'épée. Il s'agit de notre héritier, et malgré sa petite jeunesse (qui lui a tout de même déjà fait voir trois étés, sept contrées, et une épidémie), il doit connaître le mode de vie qu'implique sa noblesse.

Pour vous, je vous demande de bien prendre garde à vos compagnons de route. Je sais d'expérience que certains ne sont pas si amicaux qu'ils le semblent de prime abord. Je connais mieux que quiconque votre tempérament de feu, votre fougue, et c'est probablement celle-ci qui m'a fait tourner le regard en notre direction, il y a bien des années de cela. Mais que celle-ci ne vous fasse pas oublier qui vous êtes, ni avec qui vous êtes, je vous en conjure. Quand à votre marraine, que vous mentionnez, je vous prie d'éviter autant que possible d'en faire état en ma présence, tant elle m'est une idée déplaisante, et même répugnante. Je suis obligé de la côtoyer au conseil ducal où, Dieu soit loué, elle est très peu présente, mais son agressivité permanente, visant particulièrement les élus de notre mouvement mais aussi ceux du parti de son grossier mari, m'est devenue des plus insupportables.

J'envoie ce courrier à Eauze sans scel, afin qu'il puisse vous être remis facilement, puisque j'ignore en quel bouge vous vous trouvez encore avec ma filleule, que je vous demande d'embrasser pour moi.

Avec tout mon amour,
Valatar Cornedrue de Culan